Page:Claudel - Le Pain dur, 1918.djvu/147

Cette page n’a pas encore été corrigée

LOUIS — Je vous enverrai des dattes au premier de l’an.
SICHEL — Je suis une Juive, n’est-ce pas ? Je ne tiens qu’à l’argent ? Eh bien, regardez ce que je fais de celui-ci. (Elle déchire le papier. — Silence. — Tous deux se regardent). Voilà. Je vous ai tout rendu. Votre argent et le nôtre. Telle est notre cupidité.
LOUIS — Sichel, ce que vous venez de faire n’est pas bête du tout.
SICHEL — N’est-ce pas ? Je vole mon père, je le dépouille et me place à votre merci. Quelle astuce de ma part !
LOUIS — Quel dommage que le mien soit mort ! (Bruit de roues dans la cour. LOUIS va à la fenêtre et reste longuement appuyé à la vitre).
SICHEL — Ce regret m’étonne.
LOUIS — Oui. Je n’ai plus personne pour faire auprès de votre famille les démarches d’usage.
SICHEL — Quelles démarches ?