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figures aussi vaines que le sable, un peuple d’ombres nulles. Le torrent qui passe et personne absolument de qui je sois connue, Rien que la rumeur éternelle de ces bouches sans aucun sens qui parlent en une langue étrangère.
LOUIS — Lumîr, je t’ai aimée autrefois et je sais que tu le savais.
LUMIR (petit sourire). — Autrefois ?
LOUIS — je t’aime encore.
LUMIR — Non, tu ne m’aimes plus et je suis déjà partie. Tu n’as pas trop de toute ton âme pour penser à ce que tu fis avant-hier.
LOUIS — Pour cette Lumîr.
LUMIR (elle étend la main pour le toucher). — C’est vrai. Ah, pauvre ami, ah, frère, que j’ai de peine pour toi !
LOUIS — Et c’est parce que tu m’aimais que tu m’as dressé cette embûche ?
LUMÎR — Tu parles de ce petit mensonge