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À propos de la fondation à Marle d’une école populaire pour l’éducation chrétienne des filles, il est possible de préciser : « Fondées en 1647, par Mathieu Beuvelet, les Filles de Sainte-Benoîte s’occupaient de l’enseignement des filles» (CL 38, p. 54 n. 5). Mais, face au silence de Leleu et en l’absence de preuves, il est difficile d’ajouter que Mathieu Beuvelet aurait formé également « une communauté de maîtres pour les garçons » (loc cit.). Il semble plus conforme à la documentation de l’époque de penser que Mathieu Beuvelet contribua par une « fondation» financière à l’entretien du maître de l’école des garçons en même temps qu’à celle de la communauté chargée de l’école des filles, l’ouverture de celle-ci privant nécessairement le maître de l’ancienne école mixte d’une partie de ses ressources. Cette fondation spécifiait, en effet, que « le maître ne recevroit plus de filles à son école » et que la rente qui lui était attribuée serait annulée en cas d’infraction à cette clause (Leleu, p. 681, cité infra).

[p. 677] Le 15e de février 1656, à huit heures du soir, mourut à Paris, au séminaire de S. Nicolas du Chardonnet, Matthieu Beuvelet, prestre natif de la ville de Marle, à l’aage de 31 ans neuf mois et demy. C’étoit un ecclésiastique d’une vertu éminente, d’une piété exemplaire et d’une érudition particulière, qui sçavoit la discipline ecclésiastique et dont la réputation est recommandable par beaucoup l’ouvrages de piété qu’il a composés pour l’instruction des ecclésiastiques.

Il vint au monde à Marle le 24 avril 1624. Son père s’appeloit Nicolas Beuvelet et sa mère Marie Vuanet, gens vertueux et charitables. Matthieu apporta en naissant ces paroles imprimées sur son épaule droitte, ecce homo, comme si elles y avaient été gravées[1]. On eut bien soin de luy donner de bons maistres pour le bien élever et l’instruire. Il avoit l’esprit vif, le jugement solide et une mémoire très heureuse. Il avoit une grande aversion pour les jeux et pour les autres divertissemens puériles. Il portoit le surplis en sa paroisse dans la compagnie de plus de cinquante enfans qui faisoient la mesme chose les festes et dimanches, et après le service son plaisir consistoit à assembler les pauvres gens à la campagne pour leur apprendre le catéchisme[2]

[p. 678] Il fut envoyé à Reims en 1635 pour estudier chez les Pères Jésuites où il fit un si grand progrès tant dans les estudes que dans la vertu que les Pères le proposèrent comme le modèle de leurs


    velet qu’il fixe à tort aux années 1620 et 1657. L’extraordinaire précocité et l’incomparable puissance de travail de Beuvelet ressortent davantage des dates réelles : 1624 et 1656. Schoenher (t. I, p. 200), commet la même erreur que Grandet.

  1. Les Mémoires familiaux usent souvent d’une langue fleurie ou métaphorique sans imaginer que des lecteurs tardifs prendront au pied de la lettre ce qui s’y trouve narré. Une marque à l’épaule droite du bébé empêchait de la confondre avec tout autre et permettait de dire "ecce homo" en la voyant. Telle est, semble-t-il, la signification concrète de cette phrase symbolique.
  2. Ici, comme en quelques autres passages, des mots n’apportant rien de plus à l’information se trouvent omis dans notre transcription.