Page:Claude Leleu - Histoire de Laon, ms. inédit, t. II, (p. 677-692, p. 884-885).pdf/20

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mens prodigieux et de très profonds respects, glorifiant le Seigneur dans sa Majesté, l’adorant et l’honorant de la mesme manière qu’ils avoient fait au jour de sa naissance. Ce fut au mois de juillet 1655, environ sept mois avant sa mort.

Il n’attendit pas la fin de sa vie pour disposer de ses biens. Il en fit un partage très judicieux. Il n’oublia pas les pauvres pour lesquels il avoit un amour tendre et affectueux […].[1]

[p. 691, milieu] Comme il vit que ses infirmitez […][2] et que son corps s’affaiblissoit, il ne voulut pas davantage rester en province. Il prit le parti de retourner à Paris malgré les instances de ses parens. Il partit au mois d’octobre de l’année 1655 pour S. Nicolas du Chardonnet où il fut receû par la Communauté avec une joye sensible. Aussitost son arrivée, il continua ses exercices de dévotion et ses études avec autant d’application que s’il avoit jouï d’une santé parfaitte. Cependant ses faiblesses continuoient et sa santé s’altéroit d’une manière évidente. Mais à mesure que son mal augmentoit, la crainte des jugemens de Dieu, dont il étoit pénétré, diminuoit, et enfin, se trouvant plus mal, il en fut entièrement dégagé. Une soumission parfaite à la volonté de Dieu prit la place de ses frayeurs […].[3] Les médecins le jugeant plus mal l’avertirent de son état. Il demanda le S. Viatique que les prestres de la Communauté luy administrèrent avec toute la charité imaginable. Il le receut avec une dévotion tendre, affective et si exemplaire que tous les assistans en furent très édifiés. On luy apporta de mesme l’extrême-onction qu’il receût avec toute la douleur et contrition dont il fut capable. Il employa le temps qui luy resta en prières et à faire des actes de soumission à la volonté de Dieu, le priant de bénir ses souffrances […].[4]

[p. 692] Il rendit son âme à Dieu le 15e février de l’année 1656, à huit heures du soir aagé de 31 ans neuf mois et demy. Il fut regrété généralement de tous les gens de bien dont il étoit connu tant de Paris que des provinces. On luy fit des services dans plusieurs églises du royaume avec oraisons funèbres comme Noyon, dans l’église métropolitaine de Reims, à Marle, à l’église du Temple.[5] Plusieurs évêques vinrent dire[6] à S. Nicolas du Chardonnet la part qu’ils prenoient à sa mort. Le Nonce du Pape en parla avec éloge.

  1. Suivent ici quelques détails déjà mentionnés précédemment et diverses appréciations personnelles de Claude Leleu avec énumération usuelle de vertus qui tiennent du panégyrique de Beuvelet sans rien ajouter d’utile à la compréhension de son neveu Nicolas Roland.
  2. Quelques mots gribouillés.
  3. Suivent trois lignes superflues.
  4. Ibid.
  5. Le souvenir de Beuvelet se perpétua à Marle par la communauté féminine qu’il avait établie pour y tenir une écoles de filles. Ces filles dévotes seront jugées par le duc de Mazarin « fort pauvres » et plus « fidèlement appliquées » que nulle communauté connue de lui « tant à l’instruction des jeunes filles qu’à panser gratuitement et charitablement toutes sortes de malades » (cité en Poutet, t. I, p. 705).
  6. Lecture conjecturale.