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avec trop de facilité, convaincu par ces justes et importantes raisons, il entreprit l’exécution de ce dessein après avoir imploré l’assistance du ciel, redoublé ses prières et mortifications, et à cette fin s’étant retiré à Ville Juive,[1] maison de campagne de la Communauté S. Nicolas du Chardonnet, avec M. Chamillard, docteur et professeur de théologie en Sorbonne,[2] il y composa heureusement son livre de Méditations sur les vérités chrestiennes et ecclésiastiques en fort peu de temps avec tant de netteté et de jugement que l’on peut dire que personne avant luy n’avait traité cette matière avec tant de méthode. Il le dédia à César d’Estrées, Evêque et Duc de Laon, parce qu’il étoit son évêque diocésain. Il fut parfaitement bien receû. On en a successivement fait quantité d’éditions et il sert de matière de méditation dans presque tous les séminaires de France et dans beaucoup de maisons et communautés ecclésiastiques séculières et régulières. Il composa ensuite son Instruction sur le Manuel afin d’enseigner en détail les ecclésiastiques des séminaires et leur apprendre la manière d’administrer les sacremens.

Voulant de mesme instruire tous les chrestiens sur la matière des sacremens qui les regardent, il compose son livre De la solide dévotion par manière de dialogue. Il n’y dit rien du sacrement de l’ordre parce qu’il ne les regarde pas et que, d’ailleurs, il en avoit suffisamment parlé dans le livre des Méditations.

Il avoit entrepris des prosnes sur les quatre parties de la doctrine chrestienne[3] pour ayder les ecclésiastiques chargés de la direction des âmes et leur faire voir la manière de satisfaire à leurs devoirs à cause de la peine qu’il voyait qu’on avoit à former des prestres et les fautes considérables que commettoient plusieurs curés de la campagne, ou qui n’instruisoient pas, ou qui, dans leurs prosnes, disoient


    nautés ecclésiastiques et interroge Dieu dans la retraite avant de se décider. A son tour saint J.B. de La Salle écrira dans son Recueil de différents petits traités : " Considérez quel est votre état et comment vous y êtes entré, si ç’a été en vûë de l’ordre et de la volonté de Dieu » (édition de 1711, p. 183 ; CL 15, p. 94).

  1. Bourdoise et ses disciples disposaient d’une maison située à Villejuif, aux portes de Paris, depuis 1638. En 1641, l’organisation de la communauté de Villejuif s’était structurée (Schoenher, t. I, p. 131).
  2. Il y avait deux Chamillard docteurs de Sorbonne. Cf. Y. Poutet, Les docteurs de Sorbonne et leurs options théologiques au xviie siècle, Piacenza, 1978 (dans Divus Thomas, 1978, n. 3/4, tiré à part à Talence). Le professeur de Sorbonne était Gaston Chamillard, thomiste convaincu qui vota contre Arnaud dans l’affaire du jansénisme de 1656. En 1663, il s’opposa au Parlement de Paris qui voulait limiter l’autorité pontificale (p. 256). Il mourut en novembre 1679. A la page 657 de son De corona, tonsura et habitu clericorum, Paris, 1659, nous lisons cette citation du synode de Beauvais de 1653 : « Défendons à tous clercs et ecclésiastiques […] d’aller sans tonsure cléricale, de paroistre sans soutane au lieu de leur demeure et partout ailleurs sans une soutanelle pour le moins assez longue pour couvrir entièrement les genouils, sous peine, pour chaque fois qu’ils contreviendront au présent article d’un escu applicable aux pauvres estudians de leur archidiaconé » (cité en P. FERET, La Faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres, Paris, 1906, t. IV, p. 357, n. 1).
  3. Ces quatre parties sont celles du Catéchisme romain : le Symbole, les sacrements, les commandements, la prière. Deux autres types de plan étaient alors en usage selon J.-CL. DHOTEL, Les origines du catéchisme moderne, Paris, 1967, p. 292.