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Le bruit de la vaine tentative de la notice n’est pas ébruitée encore… il nous reste un espoir.


LE RENDEZ-VOUS


À dix heures, Dauriac attendait son ami au rendez-vous qu’il lui avait fixé. Savanne, contrairement à ses habitudes, était en retard. Le jeune fiancé de Mlle Mauvin s’impatientait lorsqu’il vit un homme se diriger vers lui. Ce n’était pas Savanne. L’inconnu portait un long manteau et à mesure qu’il approchait Dauriac sentait grandir en lui un doute.

Bientôt l’homme sortit de l’ombre des arbres et apparut dans la clarté de la lune. Quelle ne fut pas la surprise de Dauriac en reconnaissant le Chasseur Rouge. Un frisson soudain lui parcourut tout le corps et le fit trembler de la tête aux pieds.

L’homme continuait d’avancer vers lui. C’était bien le Chasseur Rouge avec son large chapeau rabattu sur les yeux, son long manteau négligemment jeté sur son épaule. Il vint droit à Dauriac.

Celui-ci brandit son revolver.

— Insensé, ne tire pas ! dit une voix connue.

Dauriac crut sortir d’un rêve. C’était la voix de Savanne qui sortait de la bouche du Chasseur Rouge. Et il comprit, enfin que son ami avait pris le déguisement du bandit.

— Le manteau et le chapeau, expliqua du reste Savanne, ont été abandonnés dans la lutte de la ferme par le Chasseur Rouge lui-même. Je possédais donc les premières matières du déguisement. Il me suffit de redresser ma taille pour que l’illusion soit complète, grâce à la complicité de l’ombre. Maintenant, mon cher Dauriac, tu vas me suivre à distance et en te dissimulant derrière les taillis ; ne viens à moi que si je t’appelle.

Ainsi fut fait.