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et grimaçant. Les plaintes mystérieuses ne s’étaient plus fait entendre dans le silence de la nuit.

Eh bien ! c’était ce calme, qui effrayait le plus le jeune homme. Cette paix apparente lui semblait un présage de mauvais augure et comme l’accalmie passagère qui précède te déchaînement formidable de l’orage.

— Nous devrions aller voir la Sorcière, dit un jour Dauriac à son ami.

— Si ça t’amuse…

— Ça ne te va guère ?

— Pourquoi pas ? Si elle est aussi jolie que tu le dis, Ce sera un rude réjouissement pour mes yeux candides et embarrassés. Allons-y donc, mon vieux, la vie est monotone au milieu des gens graves qui nous entourent. Allons voir cet augure qui, comme ceux de l’antiquité, ne pourra sans doute me voir sans pouffer de rire.

Et nos deux amis s’en furent trouver la Sorcière connue dans le pays sous le nom de « La Vieille Margot ».

Certes, elle habitait bien au milieu d’un site comme pouvait en rêver une sorcière. C’était non loin du fameux et fantastique « Trou du Diable » de ce gouffre ténébreux dont avait parlé Judith Mauvin. Sa cabane était perdue sous les arbres touffus, derrière les ronces.

Dauriac et Savanne arrivèrent devant le seuil recouvert de détritus de toute espèce. Ils frappèrent à la porte. Un jeune homme à qui l’on n’eut pu attribuer un âge précis, couvert de haillons sordides, à la mine hébétée, aux yeux stupides leur ouvrit :

— Ta mère est-elle là ? demanda Savanne.

L’enfant eut un rire idiot.

— Ma mère… elle danse, sur son dada, dit-il. Elle fait ah ! ah !

Savanne lui dit sévèrement :

— Jeune homme, pas de plaisanteries déplacées.

Mais l’enfant continuait de rire stupidement en fredonnant :