Page:Clédat - La Poésie lyrique et satirique en France au Moyen Age, 1893.djvu/67

Cette page n’a pas encore été corrigée

Comme poisson qui sur l’amorce court
Et rien ne sait que pris à l’hameçon[1],
Je m’élançai vers trop aimer un jour
Et rien ne sus qu’au milieu de la flamme
Qui plus me brûle que ne fait feu en four.

Par son talent de « trouveur », l’élégance de sa personne et la noblesse de ses sentiments il plut à son seigneur, le vicomte de Ventadour en Limousin, qui le combla d’honneurs et de biens. Mais il ne plut pas moins à la vicomtesse : a elle s’énamoura de lui, et lui d’elle ». Leurs amours secrètes durèrent fort longtemps. Cependant le vicomte, averti sans doute par un « losengier », enferma sa femme, qui fît donner congé à Bernard. Celui-ci se rendit alors près d’Eléonore de Guyenne, qui à son tour s’éprit de lui, et il la chanta jusqu’au moment où le roi d’Angleterre Henri II la prit pour femme et l’emmena. Bernard, triste et dolent, se retira près de Raymond V comte de Toulouse, puis, après la mort du comte, dans le monastère de Dalon, où il mourut. Son biographe, qui n’est autre que le troubadour Hugues de Saint-Cyr, assure qu’il tient tous ces détails du fils de la vicomtesse aimée par Bernard de Ventadour.

Ses plaintes amoureuses ont beaucoup de grâce :

Quand vois l’alouette mouvoir
De joie en plein soleil ses ailes,

  1. Et ne s’aperçoit de rien que lorsqu’il est pris.