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puisse m’effrayer ; envers vous, juges, en vous mettant, par un plaidoyer plein de franchise, en état de prononcer un arrêt que sanctionneront la vérité et l’honneur ; enfin envers moi-même, en ne m’écartant point des principes qui m’ont guidé dans tout le cours de ma vie. Ainsi, Verrès, vous n’avez point à craindre que, pour vous perdre, je me livre à mon imagination ; vous pouvez même vous réjouir, je tairai plusieurs choses que je sais que vous avez faites, et je les tairai parce qu’elles sont trop honteuses ou trop peu croyables. Je ne m’occuperai ici que de ce qui s’est passé à la compagnie des publicains. Pour que vous sachiez bien à quoi vous en tenir, d’abord j’examinerai s’il a été pris un arrêté. Quand j’aurai établi ce fait, je chercherai s’il y a eu des lettres soustraites. Le second point constaté, vous pourrez, sans que j’aie besoin de rien ajouter, juges, demeurer convaincus que si les chevaliers romains qui ont pris ces précautions à dessein de le sauver, étaient aujourd’hui ses juges, ils le condamneraient sans balancer ; car ils ne pourraient oublier que si ces lettres qui leur furent écrites, et qui établissaient la preuve de ses vols, n’existent plus, c’est leur arrêté qui les a supprimées. Et s’il est vrai que ces mêmes chevaliers romains qui prennent à lui le plus vif intérêt, parce qu’il a eu pour eux les plus grands égards, ne pourraient s’empêcher de le condamner, quelle puissance, quel moyen pourrait, juges, vous déterminer à l’absoudre ?

Ne croyez pas que ces pièces qu’on a fait disparaître, et dérobées à vos regards, aient été si mystérieusement cachées, que des recherches, telles que vous en attendez de mon activité, ne pussent en apercevoir, en saisir quelques traces (111). Tout ce que l’on pouvait découvrir par