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après sa condamnation, qu’on ne pouvait honnêtement, pour condamner un préteur, se faire payer moins de trois cent mille sesterces ; comment le sénateur P. Septimius ayant été condamné devant le préteur Hortensius(78) comme coupable de concussions, on comprit dans l’amende l’argent qu’il avait reçu comme juge ; comment C. Herennius et C. Popillius(79), tous deux sénateurs, ayant été convaincus du crime de péculat(80), et M. Attilius du crime de lèse-majesté(81), il fut prouvé qu’ils avaient reçu de l’argent pour prix d’une de leurs sentences ; comment il s’est trouvé des sénateurs(82) qui, dès que leur nom fut sorti de l’urne que tenait C. Verrès(83), alors préteur de la ville, allèrent sur-le-champ donner leur voix contre le coupable sans avoir entendu la cause ; comment enfin on a vu un sénateur(84), juge dans cette même cause, recevoir de l’argent de l’accusé pour le distribuer aux juges, et de l’accusateur pour condamner l’accusé. Pourrai-je alors assez déplorer cette tache, cette honte, cette calamité qui pèse sur l’ordre entier ? Ne sait-on pas que dans Rome, lorsque l’administration de la justice était confiée au sénat, les scrutins, portant la sentence des juges liés par le même serment, ont été trouvés marqués de couleurs différentes(85) ? Toutes ces iniquités seront par moi dévoilées dans tous leurs détails et sans ménagement ; j’en fais ici la promesse.

XIV. De quelle indignation pensez-vous que je serai pénétré, si je découvre qu’il s’est commis dans ce jugement quelque manœuvre, quelque prévarication semblable ? surtout si je puis prouver, par de nombreux témoignages, que Verrès a, plus d’une fois, dit en Sicile,