Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/455

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en tous lieux ; on les croirait élevées comme pour attester que dans Syracuse il n’en a pas moins fait ériger qu’il n’en avait enlevé. Sur le piédestal de celles qui lui furent érigées à Rome, nous lisons qu’elles ont été données par les communes réunies de la Sicile. Et pourquoi ? Pour ôter tout moyen de prouver que tant d’hommages ont été arrachés par la force.

LXIV. Ici, Verrès, il s’agit pour vous de faire encore plus d’attention que dans l’affaire des laboureurs, à bien peser votre réponse : oui, la chose est encore plus embarrassante. Voulez-vous que nous regardions les Siciliens en masse et individuellement comme vos amis ou comme vos ennemis ? S’il faut que nous les croyions vos ennemis, que deviendrez-vous ? où sera votre refuge ? quel appui vous restera-t-il ? Vous venez de compter parmi ceux qui se sont déclarés contre vous les laboureurs, classe aussi respectable que riche, et composée de citoyens romains et de Siciliens : que ferez-vous maintenant des communes de la Sicile ? Direz-vous que les Siciliens sont vos amis ? Comment le pourrez-vous ? Jamais ils n’avaient témoigné au nom des villes contre nos magistrats, et cependant nous avons vu nombre de préteurs de cette province atteints par la justice, excepté deux qui ont été absous (102). Aujourd’hui nous les voyons arriver avec des lettres, des instructions et les dépositions de leurs communes. S’ils vous louaient officiellement, ils paraîtraient plutôt obéir à leur usage habituel qu’à leur estime pour vous. Mais, quand ils se plaignent officiellement de votre conduite, ne déclarent-ils pas que vous avez commis envers eux tant d’iniquités, qu’ils aiment mieux s’écarter de leurs usages ordinaires, que de ne point parler de vos actes habituels ? Vous voilà donc