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non-seulement par votre réputation d’intégrité et par celle de vos assesseurs, mais bien aussi par l’anneau d’or de votre secrétaire(193). Je me tairai donc sur ce qu’il me serait malaisé de prouver ; mais je dirai et je prouverai que plusieurs personnes d’un rang distingué vous ont entendu dire qu’il fallait vous pardonner si vous aviez produit une fausse liste, parce que, sans cette précaution, cette haine qui partout éclata contre C. Junius aurait alors éclaté contre vous-même au péril de vos jours.

C’est ainsi que ce vil scélérat a de longue main pris ses précautions et pourvu à sa sûreté, en consignant sur ses registres publics et particuliers ce qui ne s’était point fait ; en supprimant ce qui avait eu lieu ; en effaçant, en changeant, en intercalant, et surtout en prenant soin que les ratures ne parussent pas. Il en est venu au point de ne pouvoir justifier ses crimes que par d’autres crimes. C’est par un tirage au sort de cette espèce, que l’insensé s’était aussi flatté de faire ainsi changer ses juges par les soins de Q. Curtius, son digue ami, qui devait être juge de la question(194) ; et si, soutenu par la force, les cris et les menaces du peuple romain, je n’avais su lui résister(195), l’avantage d’avoir des juges tirés de cette noble décurie(196), et dont j’avais tant d’intérêt à rechercher la puissante influence, cet avantage m’aurait été enlevé ; et Junius, abusant du sort au gré de Verrès, leur en substituait d’autres pour former son conseil.......