Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par qui tous les argumens, tout le zèle, et tout le crédit d’un tuteur tel que Marcellus, intercédant pour Junius, son pupille, ont été comptés pour rien !

LIX. Examinerons-nous ce qu’il a fait au fond de la Phrygie, et dans les cantons les plus reculés de la Pamphylie ? à quelles pirateries ne s’est-il pas livré dans la guerre des pirates, lui qui, dans le Forum du peuple romain, s’est conduit en exécrable corsaire Ne devine-t-on pas avec quelle audace il a pillé les ennemis, celui qui s’est approprié, comme sa proie, les trophées de L. Metellus(187) ; celui qui a exigé une somme plus forte pour reblanchir quatre colonnes, que ce héros pour les construire toutes ? Attendrons-nous que les témoins venus de Sicile fassent leur déposition ? Tous ceux qui ont visité le temple de Castor ne déposeront-ils pas contre votre avarice, votre iniquité, votre audace ? Peut-on aller de la statue de Vertumne(188) au grand Cirque, sans rencontrer à chaque pas des vestiges de votre cupidité ? Vous-même, Verrès, vous n’osez marcher sur cette voie où doit passer la pompe de nos chars sacrés(189), tant la manière dont vous l’avez entretenue atteste vos brigandages. Croira-t-on que, séparé de l’Italie par le détroit, vous ayez ménagé les alliés, lorsque vous avez voulu rendre le temple de Castor témoin de vos rapines, ce temple toujours ouvert au peuple romain, et que vos juges devaient avoir devant leurs yeux, au moment de prononcer sur votre sort ?

LX. Faut-il rappeler encore que, durant sa préture, Verrès s’est arrogé la décision d’une cause publique(190) ? car c’est une affaire qu’on ne peut passer sous silence. C’est devant ce préteur que l’amende fut requise contre Q. Opimius(191), traduit en justice sous prétexte d’avoir voulu, lorsqu’il était tribun, empêcher l’exécution de la