Page:Cicéron - Œuvres complètes - Panckoucke 1830, t.7.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas s’étonner que le jus de verrat(159) fût si mauvais ; d’autres s’expliquaient avec plus de gravité, mais leur courroux ne les rendait pas moins plaisans. Ils maudissaient Sacerdos(160) de n’avoir pas sacrifié un si méchant verrat. Je ne vous aurais pas rapporté ces jeux de mots, qui ne me paraissent pas de très bon goût, ni dignes, par conséquent, d’être répétés devant un tribunal si respectable ; mais j’ai voulu vous faire sentir que la conduite infâme et les iniquités de Verrès l’avaient rendu le plastron de tous les dictons populaires.

XLVII. Parlerai-je maintenant de son insolence ou de sa cruauté envers les plébéiens ? Par où commencerai-je ? La cruauté sans doute a quelque chose de plus grave et de plus atroce. Pensez-vous que ceux qui nous entendent aient oublié avec quelle fureur il faisait battre de verges des citoyens romains ? action barbare contre laquelle un tribun(161) réclama dans une assemblée, où il produisit aux yeux du peuple romain un malheureux qui venait d’être ainsi frappé de verges : c’est un fait que je vous ferai connaître en détail lorsqu’il en sera temps. Quant à son insolence, qui ne sait à quel excès il la porta ? qui ne connaît son mépris, son dédain, pour les citoyens pauvres, qu’il ne regarde pas même comme des hommes libres ?

P. Trebonius avait institué ses héritiers plusieurs hommes vertueux et estimés : de ce nombre était un de ses affranchis. Le testateur avait un frère, Aulus Trebonius, qui avait été proscrit. Voulant lui assurer un sort, il stipula dans le testament que les héritiers s’engageraient par serment à prendre individuellement leurs mesures pour que la moitié au moins de leur part fût remise à ce malheureux frère. L’affranchi fit le serment.