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les contrées de l’Italie, décorées des monuments dont ces héros les enrichirent. Je crains qu’on ne me reproche d’emprunter à des temps trop anciens des exemples surannés. Car alors il y avait à cet égard, chez tous les citoyens, une louable uniformité ; et ce noble désintéressement, cette touchante simplicité, tenaient moins au mérite personnel de quelques hommes, qu’aux mœurs générales de l’époque. Eh bien ! un citoyen illustre par d’éclatants exploits, P. Servilius(92), est ici présent, il va vous juger : il a, par son habileté, par sa valeur, par celle de ses troupes, emporté de vive force Olympe, ville ancienne, florissante, et riche en monuments. Car cet exemple, emprunté à la vie d’un noble guerrier, est assez récent. P. Servilius n’est entré, en général victorieux, dans Olympe, ville ennemie, que depuis que vous, Verrès, simple lieutenant après votre questure, vous vous êtes avisé en pleine paix de piller et d’opprimer des villes alliées et amies du peuple romain. Ce que vos mains sacrilèges ont ravi dans les temples les plus saints, nous ne pouvions le retrouver que dans vos maisons et dans celles de vos amis : les statues et les autres monuments que P. Servilius a pu enlever légitimement d’une ville ennemie, en vertu du droit de la guerre et de la victoire, après l’avoir prise à force ouverte, ont été par lui fidèlement apportés au peuple romain, promenés devant son char triomphal, et soigneusement inscrits sur les registres du trésor public. Oui, juges, les registres publics attestent la probité scrupuleuse de ce grand homme. Lisez : Compte rendu par P. Servilius.

Ce n’est pas seulement le nombre des statues, mais la grandeur, l’attitude, le costume de chacune d’elles, que vous voyez spécifiés dans ces registres. Ah ! certes, la