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Vous avez été questeur du consul Cn. Papirius(44), il y a quatorze ans : c’est à partir de ce jour, jusqu’au moment où nous sommes, que je dénonce votre conduite. Pas une seule heure depuis lors qui n’ait été marquée par un vol, par un forfait, par un acte de cruauté, par une infamie. Ces années se sont partagées entre votre questure, votre lieutenance en Asie(45), votre préture à Rome, puis en Sicile. Ces quatre époques formeront ainsi les quatre divisions de mon accusation.

XIII. Questeur, un sénatus-consulte vous fit tirer au sort un département consulaire(46), dont vous eûtes l’administration avec le consul Cn. Carbon. Les citoyens étaient alors divisés en deux partis. Je ne dirai point quel devait être le vôtre ; je dis seulement que, dans la circonstance où vous vous trouviez, revêtu comme vous l’étiez d’une magistrature, il était de votre devoir de décider lequel des deux vous vouliez embrasser et défendre. Carbon voyait avec peine qu’on lui eût donné pour questeur un homme sans mœurs et sans talents : cependant il le combla de bienfaits. Pour abréger, des fonds avaient été alloués et délivrés ; notre questeur partit pour sa province ; il arrive dans la Gaule Cisalpine, à l’armée du consul, avec cet argent : or, apprenez quel fut son début dans la carrière de la magistrature et de l’administration. À la première occasion qui s’offrit à lui, il emporta la caisse. Questeur, il abandonna tout, consul, armée, fonctions, province. Je devine la réponse que je lui suggère : il relève sa tête, et se flatte qu’en sa faveur, le vent des partis va souffler sur cette accusation et la faire évanouir ; il compte sur l’opposition de ceux dont la haine poursuit Cn. Carbon jusque dans la tombe ; il espère qu’ils lui sauront gré de cette désertion, de cette trahison envers son consul. Sans