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pères selon la nature, elle peut l’être, à plus forte raison, des pères selon la grâce. Respectez celui qui, tous les jours, travaille à vous servir. C’est pour vous qu’il lit les Écritures, pour vous qu’il orne la maison de Dieu, pour vous qu’il veille, pour vous qu’il prie, pour vous qu’il se tient devant Dieu en l’invoquant, pour vous qu’il administre les choses saintes. Respectez-le en songeant à ces bienfaits, ne l’approchez qu’avec vénération.

Est-il mauvais ? dites-moi. Qu’est-ce que cela ? Est-ce qu’il faut qu’il ne soit pas mauvais pour vous distribuer les plus grandes grâces ? Nullement. Tout s’opère selon votre foi. Un homme juste ne vous servira de rien si vous n’êtes pas fidèle ; un méchant ne vous nuira en rien si vous êtes fidèle. Dieu s’est servi de bœufs pour reconduire l’arche, quand il voulut sauver son peuple. Est-ce la vie du prêtre, est-ce sa vertu, qui opère notre salut ? Les dons que Dieu nous accorde ne sont pas de nature à pouvoir être produits par la vertu de ses prêtres. Tout vient de la grâce. Le prêtre ne fait qu’ouvrir la bouche et prêter son organe à Dieu qui opère ; le prêtre accomplit seulement le symbole. Songez quelle différence Il y a entre Jean-Baptiste et Jésus-Christ : Jean dit : « J’ai besoin d’être baptisé par vous », et : « Je ne suis pas digne de délier le cordon de ses souliers ». (Mat. 3,14 ; et Jn. 1,26) Et cependant, malgré cette différence, lorsque Jean baptisa Jésus, le Saint-Esprit descendit, quoique Jean ne disposât point du Saint-Esprit. « Nous recevons tous de sa plénitude », est-il dit. (Jn. 1,16) Cependant le Saint-Esprit ne descendit pas avant le baptême, et ce n’est pas Jean qui le fit descendre. Pourquoi les choses se passent-elles ainsi ? Afin que vous sachiez que le prêtre accomplit un symbole et rien vie plus. Jamais il n’y eut autant de distance entre un homme et un autre homme qu’entre Jean et Jésus ; néanmoins, Jean baptise Jésus, et le Saint-Esprit descend, afin que vous appreniez que c’est Dieu qui fait et opère tout.

Je vais dire quelque chose qui paraîtra peut-être incroyable, mais ne vous en étonnez point, ne vous troublez pas. L’oblation est la même, qu’elle soit faite par le premier venu, ou par saint Paul, ou saint Pierre. Celle que le Christ donna autrefois à ses disciples était la même que celle que célèbrent aujourd’hui les prêtres. Celle-ci n’est en rien inférieure à celle-là ; parce que ce ne sont pas les hommes qui la sanctifient, mais celui-là même qui sanctifia la première. Les paroles que Dieu prononça alors sont les mêmes que celles que le prêtre prononce encore maintenant ; l’oblation est donc aussi la même. On en peut dire autant du baptême. Ainsi tout dépend de la foi. Le Saint-Esprit descendit aussitôt sur le centurion Corneille, parce qu’il avait fait ce qui dépendait de lui et témoigné sa foi. Donc le corps de Jésus-Christ est ici comme il était là. Celui qui s’imagine qu’il y a ici quelque chose de moins qu’il n’y avait là, ne sait pas que le Christ est encore présent et que c’est toujours lui qui opère.

Puisque vous savez ces choses, comme je ne vous les dis pas sans motif, mais pour vous corriger de vos défauts, et pour vous rendre plus prudents à l’avenir, conservez soigneusement mes paroles. Si nous nous contentons d’entendre, sans jamais pratiquer, nous ne retirerons aucun profit des prédications. Donnons une entière attention, une attention très-diligente à la parole de Dieu ; gravons-la dans notre cœur ; ayons-la toujours imprimée dans notre conscience, et ne cessons jamais de renvoyer la gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit. Ainsi soit-il.



HOMÉLIE III.

PROPOSEZ-VOUS POUR MODÈLE LES SAINES INSTRUCTIONS QUE VOUS AVEZ ENTENDUES DE MOI SUR LA FOI ET LA CHARITÉ QUI EST EN JÉSUS-CHRIST. GARDEZ, PAR LE SAINT-ESPRIT QUI HABITE EN NOUS, LE PRÉCIEUX DÉPÔT QUI VOUS A ÉTÉ CONFIÉ. VOUS SAVEZ QUE TOUS CEUX QUI SONT EN ASIE SE SONT SÉPARÉS DE MOI : PHIGÉLE ET HERMOGÉNE SONT DE CE NOMBRE. QUE DIEU DONNE MISÉRICORDE À LA MAISON D’ONÉSIPHORE, PARCE QU’IL M’A SOUVENT SOULAGÉ ET QU’IL N’A PAS ROUGI DE MES CHAÎNES ; MAIS QU’ÉTANT VENU À ROME, IL M’A CHERCHÉ AVEC GRAND SOIN ET IL M’A TROUVÉ. QUE LE SEIGNEUR