Page:Chouinard - L'arriviste, 1919.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.
25
LA CIGALE EMPRUNTE ET CHANTE

En ces jours d’automne, où les ténèbres de la nuit descendent trop tôt des grands arbres et des toits, où les souvenirs des vacances sont encore vivaces, la récréation du soir, chez les « grands » surtout, se réduit aux entretiens plutôt privés. Ces jeunes « grands » vont et viennent, deux à deux, sur le pavé du jeu de balle ou le lopin attitré de chaque cercle. C’est là qu’on échange à loisir ses impressions sur les choses de la vie de collège, qu’on se communique ses espérances individuelles, ses projets personnels ou ceux des parents, tandis que de l’autre côté des hautes murailles de l’institution, les bruits de la ville viennent aussi, de temps à autre, comme un rire moqueur, narguer ces illusions de la jeunesse sur la vie réelle.

Eugène Guignard et Félix Larive se retrouvent ensemble. Seul à seul ils peuvent causer sans être en butte aux saillies des joyeux camarades, et celui-ci saisit l’occasion, qu’il a dû même rechercher, pour faire part à son ami d’une idée