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Claude Paysan

terrogea sérieusement. L’interrogatoire fut long, difficile, interrompu à tout propos par des révoltes intimes de ton cœur.

Il n’était pas fou à la fin, raisonnait-il, bien déterminé à se convaincre que réellement non, mille fois non, cette Fernande ne l’intéressait pas. Ensuite il changeait ses arguments ; ses dénégations devenaient moins positives… Quand ça serait, d’ailleurs, concluait-il finalement, personne ne le saura jamais.

… Oh ! oui, comme il s’en occupait peu de Fernande… seulement ce soir-là, comme un malfaiteur, tremblant au bruit des branches cassées sous ses pieds, il se surprenait à épier par les fenêtres les ombres qui s’agitaient dans la maison des Tissot.

Comment avait-il été attiré là ? Il ne le savait vraiment pas. En effet, il était sorti de chez lui, apparemment pour se rendre auprès de Jacques, — il l’avait même dit à sa mère, — puis après quelques pas sur la grande route, il était revenu machinalement. Maintenant voilà qu’il se trouvait sous les arbres qui entouraient la maison de Fernande.

On s’amusait beaucoup à l’intérieur. Il en jaillissait des rires joyeux, d’harmonieuses romances, des accords, coupés de temps en temps par le cri d’enfant de Fernande. Et cette joie du dedans rendait plus poignante la peine qui veillait dans l’ombre au dehors.

Oh ! toutes les choses navrantes, que ces rires-là lui entonnèrent dans les oreilles et qui lui firent en même temps verser, sans plus aucun contrôle possible sur lui-même, de grosses larmes tièdes qui se préci-