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Claude Paysan

Claude le laisse monter dans sa charrette ou l’attire dans son canot, que c’est pour qu’il répète devant lui le nom de Fernande, afin qu’il puisse l’entendre ainsi sans honte ni malaise.

P’tit Louis ne remarque point le joyeux rayonnement qui nimbe le front de Claude quand il dit que Fernande est bonne et que tout le monde l’aime ; pas plus qu’il ne soupçonne la cause de sa pâleur soudaine, quand il lui parle naïvement du visiteur étranger si pâle, en complet gris, qu’il lui apprend son nom : Arthur…

— Arthur… qui ? avait demandé Claude, presque gêné, cette fois… à cause d’un air singulier qu’il s’imaginait remarquer sur la figure de son jeune ami…

Ça, p’tit Louis, ne le savait pas… seulement son père avait dit qu’il était bien riche… Il ne savait pas non plus où il demeurait. Et p’tit Louis indifférent à ces questions, achevait :

— Veux-tu me le montrer, Claude, le nid de grives… tu sais bien… dans les branches…

Non, Claude n’avait point le temps… Puis tout de suite il reprenait :

— Est-il parti… l’étranger ?…

— Il croyait bien que oui… avec Fernande. Il les avait vus tous deux s’en aller ensemble, par là-bas…

Et p’tit Louis, après avoir, avec son insouciance d’enfant, causé cette dernière blessure au cœur de son grand ami Claude, s’en était allé voir seul le nid de grives…

… Ce fut alors la première fois que Claude s’in-