Page:Choquette - Claude Paysan, 1899.djvu/49

Cette page a été validée par deux contributeurs.
47
Claude Paysan
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

Sa bouche, par exemple, était rieuse comme pour se moquer de la gravité singulière de ses yeux. C’est que son cœur était bon et tendre, encore imprégné de cette rosée du matin de la vie qui est l’innocence et que chez elle la joie de vivre se traduisait par ce sourire constant de ses lèvres.

Et chez ses parents quels soins à son égard ; quelles gâteries indicibles, quelles prévenances inouïes, sans nom, ne lui prodiguaient-ils point ! Ah ! c’est qu’ils avaient eu une autre Fernande déjà, qui riait elle aussi de ses lèvres vermeilles, qui avait aussi de longs cheveux blonds et de grands yeux graves et lustrés et qui s’en était allée un vilain soir gris d’automne… son sourire à jamais éteint, ses yeux à jamais fermés. … Mais non, pourquoi cette crainte inutile ?… Celle-ci était si rose, son teint de pêche si vif, ses fines dents blanches si prêtes à mordre à l’avenir, à l’amour prochain.

Oh ! laissez-là donc rire cette Fernande aux yeux graves.