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Claude Paysan

comme un loup, l’estomac en feu, aiguisé par la dépense de forces qu’il faisait. Le quatrième jour, vers trois heures, dans le même soleil éblouissant et les mêmes songes, il redescendit de son champ, intimement satisfait à cause de ses semailles maintenant achevées.

En entrant, le logis lui parut plus gai, sentant bon par un reste d’odeur de lavande qui flottait et parfumait l’air. Chez la vieille Julienne, toutes les rides de son visage semblaient se plisser dans une vague contention de bonheur intérieur.

Gardant ses rides souriantes, elle se plaça, la bonne mère, toute droite devant Claude, comme pour lui dire :

Devine…

Oh ! il avait tout de suite bien deviné… Ces beaux jours de mai, l’air heureux de sa mère, cette fenêtre ouverte, vite entrevue là-bas à la dérobée à travers les arbres, surtout ce parfum flottant de lavande qui continuait à embaumer… Mais il faisait mine de ne pas comprendre, prenait une expression faussement mystifiée…

Alors comme elle l’interrogeait toujours des yeux et que lui ne voulait rien répondre, elle lui raconta que les messieurs leurs voisins étaient arrivés de la ville et que mademoiselle Fernande, encore bonne et jolie, était entrée une seconde lui dire bonjour en passant.

Claude, jouant l’indifférence, fit ah !… presqu’un petit ah ! désappointé… Est-ce que cette nouvelle lui importait ?… Pourquoi donc tout ce mystère ? Il y avait tout ça dans sa figure.