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Claude Paysan
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Et la pauvre mère, sans parler, se hâtait, empilait les plats, les serrait pour s’en aller, à genoux au pied de son lit, faire une fervente et chaude prière, si chaude qu’il lui semblait qu’elle irait le réchauffer sous son sol glacé, sous les sapins morts.

…Puis toujours le même pétillement de grésil dans les fenêtres.

Elle était d’une tristesse plus morne, infiniment désespérante, l’humble chaumière des Drioux sous ce commencement, de neige qui s’entassait aux portes et l’ensevelissait peu à peu. Elle n’était pourtant déjà pas gaie, même sous les plus éblouissants rayons d’été, même quand, au lieu de la neige, c’étaient les feuilles des cerisiers, les longues plantes poussées tout près, qui en caressaient les vitres.

Et maintenant que tout était disparu, les feuilles, les fleurs, les tendresses du père Claude, le sourire de Fernande, le vent et le grésil venaient seuls susurrer leur musique grêle.

Comme elle était bâtie sur un renflement de la côte elle paraissait suffisamment large et haute ; mais, en y entrant, elle devenait petite, basse. Les épaisses solives profondément fendillées, qui semblaient attirer le plafond plutôt que le soutenir, prenaient trop d’espace et il fallait un certain temps pour y habituer ses poumons à respirer à l’aise. Mais ça venait vite, tant tout était propre, bien frotté, sentait bon.

Dans un coin on voyait, sur les rideaux suspendus au plafond par une tringle en fer, se dessiner en ombre la forme d’un lit, ses deux oreillers superposés.