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VI


Depuis la mort de son père, Claude avait pris la conduite de la petite ferme et maintenant qu’il n’était plus là, le vieux, pour le diriger par ses conseils, c’était avec son ami Jacques qu’il discutait les problèmes souvent difficiles de la culture, combinait des plans nouveaux d’opération, concertait des tentatives prochaines d’assolement, comme s’il avait eu d’immenses terrains à exploiter.

Et pendant les longues soirées d’automne ou d’hiver c’était amusant de les entendre tous les deux se communiquer leurs idées, émettre des propos enfantins et chimériques ou se raconter mille histoires intimes quand les choses de la terre ne tenaient point leurs conversations. Car Jacques s’intéressait moins à ces questions de culture qui l’ennuyaient même un peu.

D’autres fois, dans de brusques revirements d’idées qui transformaient tout à fait sa physionomie changeante, il se lançait dans l’énumération de rêves fous, de calculs ambitieux et insensés. C’était si calme dans ce coin de paroisse… seulement de temps à autre le tintement de l’angelus, le sifflement rapide des trains de chemin de fer sur les remblais des coteaux contournés, derrière le village.

— Moi, disait alors Jacques dans un détachement de tout, toujours travailler ? toujours bêcher le sol ?