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Claude Paysan
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tait humblement agenouillé à l’écart, en arrière de tous les autres. De là, c’étaient des pas en sourdine, des sanglots entrecoupés, un murmure de voix confuses et voilées qu’il entendait par l’entrebâillement des portes.

Il se représentait la scène dans son esprit, ainsi que les personnages qui la jouaient.

Mais ce que ces derniers n’imaginaient pas eux, c’était l’autre scène intime et secrète qui se passait dans son pauvre cœur, à lui. Car, à cette heure suprême d’anéantissement et de mort prochaine, où allait s’évanouir pour toujours l’objet béni de son fol amour, le lourd secret qui l’avait constamment torturé jusque dans ses moëlles profondes le tourmentait plus que jamais.

Et pourtant il lui fallait encore se taire, bâillonner sa conscience en révolte contre le fardeau qui l’écrasait.

… Oui, ceci aurait peut-être un peu adouci le souvenir de ses années de désespoir, aurait dédommagé aussi sa mère de ses larmes répandues, s’il avait pu mêler à ses adieux à Fernande l’humble et touchant aveu de son amour. Mais, loin de là, il se dissimulait, comme pénétré de honte, derrière les autres assistants qui répondaient aux oraisons du prêtre.

Oh ! la voir pourtant… voir à cette occasion, peut-être unique et dernière, les restes éteints de son sourire, la gravité mourante de ses yeux ; et malgré la honte, malgré la peur, malgré tout, voilà qu’il s’approchait à présent, qu’il se traînait sur les genoux, se