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Claude Paysan

Je ne sais plus qu’une petite prière maintenant, mais j’ vas la répéter de tout mon cœur, plusieurs fois… J’ sais pas, je la connais pas c’ te petite, mais ça m’a tortillé le cœur de les entendre demander des prières au père Pacôme…

Puis après un moment :

— C’est pour ça que je dis que les vieux peuvent bien s’attendre à mourir puisque les tout jeunes s’en vont…

Il jeta son sac sur son épaule : — C’est vrai ; j’ sais pas ce que ça me fait… Bonjour, mère Julienne… bonjour, Claude… tiens, il est sorti, lui…

— Au revoir, père Pacôme, répondit la vieille Julienne.

Son bâton ferré, ses gros souliers usés résonnèrent sur le perron, puis sur les cailloux du chemin…

Au bout de quelques pas, à l’extrémité du petit jardin des Drioux, derrière les cerisiers, il entendit tout doucement, sans aucune gouaillerie dans le ton :

— Hé ! père Pacôme… père…

— Tiens, c’est toi, Claude…

— Oui, je voudrais vous parler…vous y êtes allé… la… chez…

— Chez vos voisins ?… oui… C’est bien triste de les voir…

— Elle n’est pas mieux… elle…

— Il ne paraît pas : les pauvres gens, ils m’ont même demandé des prières, à moi, père Pacôme… Te souviens-tu ? je te faisais des folies, l’an passé, en te disant : Il y en a une là que tu ne refuserais pas… eh ! bien, quoique riche, jolie, jeune, la voilà