Page:Choquette - Claude Paysan, 1899.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.
20
Claude Paysan
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

suite, à travers le terrain, par un étroit chemin bien tracé dans les herbes foulées et jaunies. C’était la mère Julienne qui l’avait tracé ce chemin-lâ.

Elle y venait si souvent prier, seule ; avec son fils aussi.

Elle avait toujours des commissions pour le village : un rouleau de fil à acheter, des épingles, des aiguilles, des broches pour tricoter, un écheveau de laine. Quand elle n’en avait pas besoin, elle venait quand même, après le départ de son Claude pour le champ.

Alors, empressée, elle s’acquittait rapidement de son léger achat, puis, avant de retourner au logis, elle prenait par le cimetière, par la petite route secrète qu’elle avait battue de son pas pesant.

Pour son humble prière elle s’agenouillait doucement au rebord de la fosse, et ensuite, penchée, se traînant sur les genoux tout en continuant de prier, elle enlevait les feuilles mortes, les débris de branches sèches que le vent y avait chassés…

Quand son fils venait avec elle, c’était plutôt le soir, à l’heure du crépuscule, après la rude journée de travail finie. Ces fois-là, la vieille Julienne lui faisait emporter sa bèche pour mettre tout bien en ordre, niveler le terrain, enlever les mauvaises herbes, creuser de courts sillons afin qu’elle y plantât ses fleurs.

Ils priaient ensuite longuement l’un près de l’autre, et repartaient dans l’ombre.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Et maintenant, au retour, ils se trouvaient toujours seuls dans leur humble maisonnette.