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Claude Paysan
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Quoique beau le ciel avait été, pendant la calme matinée sans vent ni brise, d’une lourdeur de plomb, et maintenant il arrivait de petites rafales qui jetaient de la fraîcheur dans l’air et faisaient du bien aux faucheurs.

Bientôt cependant une rafale plus froide qui fit presque frissonner Claude l’arrêta dans son travail. Il leva un instant la tête, le nez au vent, comme pour voir et pour humer…

Et il se remit à abattre de nouveaux andains. Ça paraissait toutefois l’inquiéter, ces courants froids qui agitaient régulièrement les épis en ondulations folles autour de lui… cette lumière d’éclipse qui décolorait graduellement les champs… Il regarda encore l’horizon.

La pluie, c’est, à l’époque des moissons, l’ennemie des paysans. Ceux-ci s’en défient comme d’un malheur… — Claude s’était arrêté tout à fait en face de la menace sinistre qui s’accusait de plus en plus dans le ciel. Déjà, il voyait comme des nuages de fumée qui s’échappaient du firmament lointain.

Il mit alors sa faux sur son épaule et redescendit de son champ, tout triste maintenant de s’être tant hâté de couper son blé.

À présent, il distinguait là-bas des montagnes grises qui s’empilaient, s’entassaient, grimpaient les unes sur les autres. En même temps, c’étaient des bavures blanches qui se traînaient sur la crête des embruns verdâtres du Richelieu…

En arrivant il trouva sa mère en frais de clore bien juste les volets rouges de leur petit logis. Elle avait