Page:Choquette - Claude Paysan, 1899.djvu/132

Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
Claude Paysan

taient évanouis… Des larmes de vieille femme, c’est si navrant de les voir couler… celles-ci paraissaient si amères, annonçaient un abîme si insondable de suprême douleur…

— Allons, mère Julienne, consolez-vous… il ne faut pas pleurer comme ça… Elle le lui demandait presqu’en grâce.

Mais elle ne répondait rien, la pauvre.

À la fin, elle se décida :

— C’est mon Claude… mon Claude… soupirait-elle. C’est mon Claude… mon cher Claude…

Elle ne sanglotait que ces mots sur l’épaule de Fernande.

— … Claude, justement lui, pensait celle-ci… elle avait bien deviné… elle s’en doutait… et en elle-même elle s’indignait déjà contre ce garçon méchant qui faisait ainsi pleurer sa mère… Il verrait, ce cœur dur, ce qu’elle lui dirait…

— C’est mon Claude, reprenait la vieille Julienne, c’est mon Claude qui… aime une jeune fille… qui, elle, ne l’aime pas, le pauvre malheureux…

— Ah !… c’était ça…

Fernande, dans la naïve sincérité de son grand cœur de vingt ans, s’était tout de suite représenté cette torture-là, d’aimer sans retour… mais elle comprenait aussi l’intensité de cette autre souffrance qui tourmentait la vieille Julienne et l’étreignait dans ses instincts de mère.

Alors elle la pressait contre elle, lui murmurait des mots de touchante consolation. — Peut-être