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II


Plus tard, vers quatre heures, comme le père Claude jusque-là inerte paraissait légèrement remuer ses puissantes épaules, on s’était rapproché de son lit. On eût dit que dans une manière de hoquet, il s’efforçait, comme en rêve, d’articuler des mots.

La vieille Julienne s’était penchée sur lui pour l’éventer d’un air qui agita ses cheveux blancs… pour l’écouter. Mais non, ses joues se gonflèrent simplement de nouveau sous quatre ou cinq longues, très longues et très pénibles expirations… puis sa poitrine resta immobile un moment… Encore une expiration, ah ! longue celle-là, si longue que tout l’étroit logis sembla tourbillonner dans l’esprit angoissé des spectateurs… ce fut la dernière.

… Sur sa large poitrine on croisa ses mains l’une sur l’autre ; une petite rafale glissée entre les rideaux, comme pour continuer le mouvement de l’éventail, vint agiter encore quelques mèches de ses cheveux et le vieillard ne bougea plus, ses yeux fermés pour jamais.

Alors les bras tendus dans la même douleur, ils s’étaient enlacés la mère et le fils, comme pour se consoler l’un et l’autre, peut-être encore plus pour se prêter mutuellement appui.

Quand ce fut bien fini du vieux paysan, son sourire bien figé sur sa figure de marbre, Jacques, qui