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Claude Paysan

Trop de choses, — par ce dimanche si désespérément calme où tout paraissait éteint, fini, mort, où rien ne remuait dans les champs et les chemins, où rien n’avait rompu le lourd silence depuis le tintement du « Magnificat » — trop de choses lui rappelaient à l’esprit son abandon et sa solitude.

C’était son premier dimanche, seul, depuis le départ de Jacques.

Durant la semaine, dans le va-et-vient de ses travaux, il avait moins ressenti le vide qui s’était creusé autour de lui. La journée finie, le soir, à l’heure où les sensations de fatigue se réveillent et viennent engourdir les muscles, il songeait encore beaucoup à lui sans doute pendant quelques instants, mais le sommeil venait bientôt jeter doucement son leurre magique sur son imagination tourmentée, et tout était oublié jusqu’au lendemain…

… Mais pendant ce dimanche si long, si calme… si calme, si long…

S’il s’était amusé, lui, ce jour-là, comme les autres jeunes gens, à courtiser les jolies blondes des alentours. … Oui, les jolies blondes des alentours, c’était même à cause de l’une d’elle que le triste vide laissé par son ami Jacques se creusait davantage.

… Jamais à ce moment-là il ne s’y était si fixement arrêté, à toutes ces choses. Et des fois, tout à coup, quand ces impressions d’isolement, d’abandon, de découragement presque, se précipitaient en foule dans sa pauvre tête, il lui venait une torturante envie de pleurer.

C’est alors qu’il s’était adressé à son chien fidèle