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Claude Paysan
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grincer son bruit aigu ; il entendait toujours le rauque halètement de la vapeur. Il voyait dans son esprit la silhouette de son ami qui venait de se dessiner en échappées rapides par les fenêtres ouvertes des wagons.

Jacques lui, avait essayé de jeter un dernier adieu d’un signe de sa main, mais dans un clin d’œil la frémissante machine l’avait entraîné trop loin et il ne distinguait plus déjà que la crête verte des pins. Alors il s’était assis tout simplement sur la première banquette vide qu’il avait trouvée, sa petite malle à son côté, et de là cherchait à embrasser du regard tous les détails avoisinants qui se doraient sous l’éblouissante flambée du soleil. Il se penchait pour bien les voir, voulant conserver en lui-même une éternelle vision de toutes les mille choses qui allaient bientôt se fondre dans la vague de ses souvenirs.

… Tout-à-coup, comme un somnambule, Claude s’aperçut qu’il s’en allait, seul, traînant distraitement les pieds dans la poussière du chemin ; sans se soucier de rien, sans rien voir dans l’immensité bleuâtre du ciel, sans rien entendre des joyeuses roulades que les rossignols et les linottes égrenaient follement.