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DE L’ELBE AUX BALKANS

ques tchécoslovaques de chicorée retentit dans toute l’Europe centrale.

Un bonbon ayant chassé l’amertume de la malencontreuse racine, nous nous remettons en route. L’automobile franchit la Vltava et nous voici bientôt longeant des pentes crayeuses où s’étagent des vignes. On se croirait dans quelque coin de la Champagne. C’est que nous approchons de Mejnik, le centre viticole de la Bohême. Déjà, à l’horizon, pointe l’éperon rocheux où se dressent sa basilique et son château.

C’est, cette fois, l’Elbe, l’Elbe majestueuse et lente, que nous traversons à quelques pas de son confluent avec la Vltava. D’un vigoureux effort notre voiture gravit en lacets la pente raide de la rive droite, et nous voilà sur la Grand’Place de Melnik. Avec son rang d’arcades, son vieil hôtel de ville et, dans un coin, le clocher bulbeux d’une église, ce grand espace carré, durement pavé, déclive et traversé de caniveaux, est le type parfait d’une place centrale dans une petite ville tchèque de Bohême. C’est là qu’à certains jours se tient le marché et que le dimanche les notables du lieu font leur monotone promenade.

Face à notre arrivée débouche une rue qu’à quelques pas de là enjambe une des vieilles portes de l’enceinte. Nous voyons, par-dessus les maisons, se profiler la masse carrée de sa tour. Au fond, à droite, s’ouvre une autre rue. C’est celle-là que nous prenons pour gagner le château. Cet édifice, dont la fondation remonte fort loin et qui fut longtemps la résidence des rois de Bohême, n’a guère de remarquable que sa situation et, sans doute, ses caves, fameuses dans tout le pays. Un restaurant y a été aménagé. Nous y déjeunons délicieusement sous une véranda de la terrasse chauffée d’un clair soleil, précieux en ce jour de Toussaint. Des treilles, où demeurent encore, au