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que pur, et le second a été obligé de se servir d’un de ses dialectes, c’est-à-dire, du dialecte Hiérosolimitain. Mais si la Ghemara de Jérusalem contient beaucoup d’expressions et de noms barbares[1] qui ne peuvent nullement se rapporter au temps que l’on est forcé d’assigner à sa rédaction, il ne faut pas perdre de vue qu’elle a dû être souvent interpolée par les docteurs de la loi qui l’ont transcrite ou adoptée comme livre classique. R. Johanan est aussi aride et souvent même plus obscur que R. Juda, de sorte que Lightfoot en le parcourant a du s’écrier à plusieurs reprises : « Quid sibi haec omnia velint non datur vel conjectari ; imo vix datur quid aliqua horum sibi velint : nec adest Oedipus nec Sphinx ipsa. » —

R. Johanan préoccupé de l’étendue de son entreprise passe légèrement sur plusieurs objets d’une haute importance. La langue de la Ghemara de Jérusalem diffère de celle de la Ghemara de Babylone en ce que dans la première dominent le Syriac et le Chaldéen mêlés ensemble tandis que dans la seconde le Chaldéen domine presqu’exclusivement. Mais il faut avouer à l’avantage de R. Johanan qu’il ne penche pas vers la subtilité, les sophismes et les fables autant que les docteurs babyloniens.

Il suit de tout ce que nous venons d’exposer que par Talmud de Jérusalem (ירושלמי), on ne doit entendre autre chose que la Mischna de Juda le Saint et la Ghemara de R. Johanan, réunies ensemble et rédigées dans la Palestine après la totale dispersion des Juifs[2]. Nous avons ren-

  1. On y rencontre plusieurs tournures de phrases qui tentent, comme dit Wolf, Gothicam Barbariem, on y rencontre aussi le nom des Turcs, ce qui a donné occasion à Morinus de rapporter sa rédaction vers le VIIe ou le VIIIe siècle.
  2. Nous pensons comme plusieurs autres antiquaires que les deux Talmud de Jérusalem et de Babylone ont pris leurs noms des capitales du pays où ils ont été rédigés. D’autres rapportent ces dénominations à la langue, et disent que le premier a été appelé Talmud de Jérusalem parce qu’il a été rédigé dans un dialecte qui devait se nommer hierosolymitain de la ville de Jérusalem, de même qu’on nommait Samaritain le langage dont on se servait alors à Samarie et dans les villes circon-