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d’éclairer les trois ordres Zeraim, Kodachim et Tahoroth et qu’il le fit de manière à laisser les ordres Tahoroth et Kodachim pour les derniers. Il mourut peut-être pendant qu’il travaillait à gloser le traité le plus important de l’Ordre Tahoroth, ce qui explique pourquoi il laissa les autres traités de cet ordre et tout l’ordre Kodachim sans commentaire[1]. Il est même probable que comme l’état de dispersion était toujours récent et qu’une grande partie des Juifs n’était pas encore sortie de la Palestine, R. Johanan qui écrivait pour ces derniers ne fut pas à même de tracer une ligne de démarcation entre les préceptes plus ou moins importans avec la même précision que le firent quelque temps après les Docteurs orientaux. Cela expliquerait pourquoi il préféra d’expliquer le Traité Nidda de l’Ordre Tahoroth avant de toucher au Traité Hulin de l’Ordre Kodachin. Je suppose que c’est pour la même raison

1o. que la Ghemara de Jérusalem contient plusieurs traités qui ont été omis dans celle de Babylone et vice-versa.
2o. et que l’arrangement de ces deux commentaires diffère, sous plusieurs rapports, dans les éditions que nous en avons aujourd’hui[2].

La différence qui passe entre la langue de la Mischna et celle de la Ghemara de Jérusalem relativement à la netteté d’expression est sans doute plus grande que celle qu’on peut supposer dans l’intervalle d’un seul siècle. Mais il est à remarquer que la pureté du langage dépose souvent pour la capacité des écrivains plutôt que pour le caractère du temps où ils ont écrit. De même que l’on peut croire que Juda le Saint a surpassé son siècle par la correction du style, de même on peut supposer que, sous ce même rapport, R. Johanan a été beaucoup au-dessous du sien. Il est bon aussi d’observer que Juda le Saint paraît avoir écrit pour les Savans tandis que le but de R. Johanan a été de populariser les explications de la loi, et que par conséquent, le premier a dû se rapprocher du langage hébraï-

  1. Voy. L’introduction de la Théorie du Judaïsme.
  2. Ib.