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Ils accordent unanimement le titre de premier compilateur de la Mischna à un certain Juda qu’ils nomment tantôt Prince (הנשיא) tantôt Saint (הקדוש) tantôt Rabbi (רבי) ou Docteur et au sujet duquel Maimonides s’exprime de cette manière dans la préface de sa main forte (יד חזקה) : « Depuis Mose, notre docteur, jusqu’à notre Rabbi le Saint, personne n’avait réuni dans un seul corps de doctrine ce que l’on enseignait publiquement de la loi orale ; mais dans chaque génération le Prince du Consistoire ou le Prophète de ce temps-là notait par écrit pour son propre usage et comme pour aider sa mémoire, les traditions qu’il avait entendues de ses précepteurs ; mais il ne les enseignait que de vive voix en public. De la même manière chacun transcrivait la partie des commentaires et des expositions de la loi qui lui convenait le mieux et qu’il avait entendue. Quant aux choses qui, dans chaque génération souffraient quelque changement, par rapport aux formes judiciaires, et dérivaient plutôt du raisonnement que de la tradition, elles dépendaient de l’autorité du Grand Consistoire. Tel fut le mode de procédure jusqu’à notre Rabbi le Saint, qui recueillit le premier toutes les traditions, tous les jugemens, les sentences, les expositions de la loi entendues de Moïse notre maître et enseignées dans chaque génération[1]. C’est de tous ces matériaux qu’il composa le livre de la Mischna et le lit publiquement pour le faire connaître à tous les

  1. Voici comment dans un autre endroit Maimonides rattache ensemble les fils de la tradition de tous le temps depuis Moïse jusqu’à Juda le Saint. Juda le Saint, dit-il, rapportait ce qu’il avait appris de Siméon son père, comme celui-ci de Gamaliel son père, et celui-ci de Siméon son père, celui-ci de Gamatiel son père, celui-ci de Siméon son père, celui-ci de Hillel son père, celui-ci de Chemaïah et Abtalion ses précepteurs, ceux-ci de Juda fils de Tabbée et de Siméon fils de Chatah, ceux-ci de Josua fils de Pherakée et de Nathée Arbelite, ceux-ci de José fils de Joezer et de José fils de Johanan ; ceux-ci d’Antigone le Sokéen, celui-ci de Siméon le Juste, celui-ci d’Ezra, Ezra de Baruc fils de Nérié et Baruc fils de Nérie de Jérémie, comme Jérémie l’avait appris sans doute des Prophètes qui l’avaient entendu l’un de l’autre jusqu’aux vieillards qui enseignaient ce qu’ils tenaient de Josua qui avait été instruit par Moïse lui-même. Cf. Pirke Avos passim.