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Sachez, dit Maimonides[1], que Moïse reçut de Dieu les préceptes de la loi avec leur explication. S’il demeura sur le mont Sinaï aussi long temps qu’il est dit dans la Bible[2], ce ne fut pas seulement pour en rapporter le texte de la Loi écrite ; mais pour apprendre par cœur, de la bouche de l’Éternel, l’interprétation de ce même texte, ou ce qu’on appelle plus communément Loi orale. Dieu qui pouvait dire tout simplement à Moïse : Je te donnerai la loi, s’est servi de ce pléonasme[3] : Je te donnerai les tables de pierre et la loi et les commandemens que j’ai écrits pour les instruire, afin de signifier qu’il confiait à son envoyé l’une et l’autre loi ensemble. C’est comme s’il lui avait dit en propres termes : Je te donnerai le Pentateuque, les Prophètes, les Hagiographes, la Mischna et la Ghemara[4]. Ainsi la loi écrite n’a été qu’un index de préceptes généraux, et la loi orale un recueil de prescriptions particulières propres à expliquer avec précision la première. Servons nous d’un exemple : Dieu après avoir commandé à Moïse d’écrire le précepte : Vous demeurerez sept jours dans des tentes[5], lui ordonna d’enseigner de vive voix, que ce précepte n’oblige ni les femmes, ni les malades, ni les voyageurs ; que les tentes ne devaient être couvertes ni de laine, ni de soie, ni de nattes ; mais seulement de ce

  1. La plus grande partie de cette préface sera tirée de la dissertation de ce savant rabbin sur l’ordre talmudique intitulée Seraïm, ainsi que des Bibliothèques de Bartolocci, de Wolf et de Buxtorf et de plusieurs autres monumens de l’antiquité judaïque. Je ne m’astreins pas à tout transcrire ou à tout traduire à la lettre ; mais je tâche de mettre par tout l’ordre et la clarté qui manquent dans les sources auxquelles je puise.
  2. Exod. XXIV, 18. XXXIV, 28. Cf. Buxt. Receniio operis talmudici.
  3. Ib. XXIV, 12.
  4. Voy. Beracoth fol. 5. a.
  5. Levit. XXIII, 42.