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EN MER.

CEYLAN

I

9 novembre.

Hier, entre deux parties de palet, une petit girl anglaise, toute pâle et mutine, a promit un sourire au commandant si nous arrivions ce soir à Colombo, et le commandant va gagner son sourire. A cinq heures, des taches brumeuses sont visibles dans l’est. Vers six heures, sous un ciel lourd, sous de grands nuages violacés, on aperçoit une terre basse de cocotiers. A mesure qu’on avance, on distingue le peuple des hautes tiges rigides et sveltes, qui, d’un jet oblique, s’élancent dans un épanouissement de palmes. C’est une vaste forêt qui parait surgir de la mer. A deux milles de la côte, on n’aperçoit pas encore le sol, mais seulement des masses de verdure sombre, et tout près de la terre, on ne voit encore que cette végétation toute-puissante, regorgeante de force et de sève, la grande végétation équatoriale qui jaillit d’une terre trempée par les orages, et déploie ses vertes palmes dans l’embrasement de l’air.

A. Chevrillon. — Dans l’Inde.
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