Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/251

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

semble avoir toujours cru que vous me retrouveriez.

Après une courte pause, elle continua :

— Nous n’avons pas à nous souvenir de notre ancien différend. Mon père était moins à blâmer que vous ne le croyiez, plus à blâmer que je ne le croyais, mais ce n’est ni à vous ni à moi de le juger. Et ce n’est pas lui qui a fait le vrai mal dont tous ces maux sont issus.

— Je comprends bien cela, dit-il. J’avais commencé à le comprendre, en lisant l’histoire. Mais dans toute l’histoire, il n’y a rien de si noble que vous et ce que vous avez fait. Vous êtes le plus grand des personnages historiques et les érudits feront de vous une figure légendaire.

— C’est Olive qui a compris la première, dit-elle. Elle a tout vu dans un éclair, un éclair de clair de lune, comme elle dit. Je n’ai pu que m’en aller et débrouiller ces choses lentement, lourdement, à moi toute seule : mais j’y suis arrivée enfin.

— Voulez-vous dire, demanda Michaël, qu’Olive Ashley aussi en est arrivée là ?

— Oui, répondit-elle ; et, chose singulière, cela ne semble pas du tout contrarier John Braintree ; ils sont mariés maintenant et paraissent d’accord sur presque tous les points. Je me demande vraiment s’il y avait de quoi diviser tant de braves gens autrefois.

— Je le savais, dit-il. Tout le monde s’est marié… Cela m’a fait sentir davantage mon isolement depuis quelque temps.

— Le Singe lui-même est marié, m’a-t-on dit. C’est vraiment la fin du monde ! À moins que ce n’en soit le commencement. Il y a une chose certaine, quoiqu’elle fasse rire bien des gens : chaque fois que les moines reviennent, le mariage redevient en honneur.