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LES PÉNITENTES.

son créateur, va les couper à angle droit dans la direction de l’Est ; mais elle ne leur enlèvera pas le caractère primitif que nous avons dû constater.

Les Pénitentes. — Au no 15 de la rue Corne-de-Bouc, cet édifice fort maussade, qui a éprouvé des fortunes bien diverses, était autrefois la communauté des Sœurs Pénitentes, qui recevaient les filles repenties.

Pendant la Révolution, ce fut une prison de suspects, puis il fut successivement magasin militaire, jardin botanique, petit séminaire, grand séminaire, caserne d’infanterie, école primaire, et enfin il est rentré dans l’administration de la guerre, qui paraît y tenir.

En revenant de la rue Corne-de-Bouc pour rejoindre le Lycée, nous laisserons à droite la rue de Paille (de Paleâ), ainsi nommée dès 1224, parce que, disent des auteurs, étant une des plus anciennes de la ville, elle était bordée de maisons couvertes en paille, suivant ce que Vitruve a écrit de la coutume des Gaulois.

Nous avons lu dans des titres de 1614 qu’elle se nommait alors rue de la Tripaille, vulgairement rue de Paille, nom dû sans doute à ce qu’alors, comme aujourd’hui et comme dès le XVe siècle, elle était habitée par des bouchers.

La tradition s’étant mise de la partie, ou a prétendu que ce nom lui venait de ce que les chanoines de Saint-Hilaire, ayant voulu faire enlever de l’église de la Celle le corps de leur saint, patron, qui y était déposé, firent tapisser de paille les rues que devait parcourir le cortége ; et comme celle-ci était la plus longue, ce fut sans doute à cause de cet avantage qu’elle hérita seule de la dénomination privilégiée.

Enfin d’autres étymologistes, entrevoyant des motifs beaucoup moins religieux, ont trouvé certains rapports entre le mot latin pales et le mot français paillardise, et ils invoquent à l’appui de leur système des arguments peu archéologiques, il est vrai, mais qui ont leur valeur.

Laissons ce débat et les lieux qui l’ont enfanté, et