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à un dévaloir ou pour mieux dire à un véritable casse-cou, dans lequel il ne serait pas prudent de s’aventurer de nuit.

« Laissez donc, répondit-il, je connais la forêt comme le fond de ma poche.

— Permettez, prince, dit M. Drommel, un homme tel que vous peut se tromper une fois par hasard, sans que cela tire à conséquence. La gorge d’Apremont est ici, devant nous. Vous me l’avez montrée de loin en revenant de Fontainebleau ; il me suffit de voir les choses une fois, elles me restent dans l’œil, et en voilà pour l’éternité. »

Le prince de Malaserra n’en voulait pas démordre et cherchait à l’entraîner ; mais M. Drommel était un homme de fortes convictions. Malgré le prestige qu’exerçaient sur lui deux palais, les plus beaux oliviers de la Sicile et le nom si bien sonnant de Malaserra, son entêtement l’emporta sur son respect ; pour la première fois il s’éleva une légère contestation entre les deux amis ; mais ce nuage se dissipa bientôt. Le prince finit par confesser son erreur, il se rendit de bonne grâce, il revint sur ses pas. L’instant d’après, on entendit le roulement d’une voiture.

« Ma femme, dit M. Drommel, est arrivée avant nous et nous attend. »