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ses pommettes étaient brûlantes. Je lui tâtai le pouls, il était duriuscule et capricant. Pour la première fois de sa vie, Mlle Perdrix avait la fièvre ou quelque chose d’approchant.

« Qu’est-ce à dire ? lui demandai-je. Cette petite machine allait à merveille. Qui s’est permis de la déranger ?

— Ah ! mon bon monsieur, reprit-elle, si vous saviez ce qui m’arrive !

— Bah ! lui dis-je, ce ne sera rien. Deux jours de repos, trois verres de camomille, et cela passera. »

Elle s’écria d’un ton tragique :

« Cela ne passera jamais ! »

Puis, me prenant par les deux mains et m’obligeant à m’asseoir :

« Je ne suis pas malade, et ce n’est pas le docteur que je suis venue trouver, c’est l’ami. J’ai fait tout à l’heure une découverte ! .. C’est une histoire qu’il faut absolument que je vous raconte ; je mourrais si je ne la contais à quelqu’un, et il est juste que je vous donne la préférence. Je vous aime beaucoup, et vous écoutez si bien ! C’est pour cela que toutes les femmes vous adorent. »

Je lorgnai du coin de l’œil ma pendule, qui marquait minuit et un petit quart, et je dis :