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le Caire, elle avait emporté dans ses cheveux blonds, dans son sourire, dans son regard, un peu de ce soleil qui fait mûrir les dattes, qui réjouit le cœur des lotus, qui amuse par des mirages le sable jaune du désert et pour lequel l’histoire des Pharaons n’a point de secrets. L’auréole dont elle avait couronné son front venait de s’éteindre en un instant, et il s’aperçut, lui aussi, que ses paupières étaient trop longues, que sa lèvre était trop mince, que ses bras, mollement arrondis, se terminaient par des mains prenantes, qu’il y avait une griffe là-dessous et de petits plis autour de sa bouche comme à ses tempes, et que ces rides naissantes, dont il ne s’était jamais avisé, trahissaient le travail sourd des petites passions, ces inquiétudes de la vanité qui vieillissent les femmes avant le temps. D’où lui venait sa subite clairvoyance ? Il était en colère, et, on a beau dire, les grandes colères sont lumineuses.

« Il faut lui pardonner, dit Mme Véretz. Je l’ai guettée du coin de l’œil ; elle a lutté courageusement ; par malheur, ses nerfs ne sont pas aussi solides que les miens. Vous l’aviez déjà mise à de rudes épreuves ; elle s’en est tirée avec honneur ; mais quoi ! peut-on résister à la longue au plus terrible des ennuis, à l’ennui pharaonique ? Prenez-y