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qu’elle n’eût pas quelques distractions ; peut-être pensait-elle par intervalles à deux volumes qui n’avaient pas été coupés. Mme Véretz était assise à son tambour, en face du lecteur, à qui, tout en brodant, elle adressait de petits signes de tête approbatifs. Son sourire et le pétillement de ses yeux verts exprimaient assez le vif intérêt qu’elle portait aux Hycsos, à moins que ce sourire ne voulût dire simplement :

« Dieu soit loué, mon cher monsieur, l’habitude rend tout supportable. »

Il lisait, tournant les feuillets à regret, car il se sentait si heureux qu’il souhaitait que son bonheur et sa lecture ne prissent jamais fin. Avant qu’il commençât, une main délicate, qu’il aurait voulu toujours garder dans la sienne, avait placé devant lui un grand verre d’eau sucrée. Il y trempa ses lèvres, toussa pour s’éclaircir la voix, puis reprit en ces termes :

« Nous avons démontré que l’histoire de Joseph, fils de Jacob, telle qu’elle est contenue dans les chapitres XXXIX et suivants de la Genèse, présente un caractère manifeste d’authenticité. Les noms propres, si importants en de pareilles manières, en font foi. Comme chacun sait, l’officier de Pharaon, chef de ses gardes ou de ses eunuques, qui avait