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Nul langage ne peut peindre l’âme secrète,
La vérité suffit à la douleur muette.
Sur l’âme de Conrad comme un plomb le malheur
Tombant, l’appesantit d’une lourde stupeur.
La douceur de sa mère a glissé dans cette heure
En cet œil sec et dur, qui comme un enfant pleure.
Dans ce faible cerveau naguère tout d’airain
S’est ainsi décélé l’incurable chagrin.
Mais nul ne voit ces pleurs. La source en est tarie
Devant les étrangers. Honteux, il les essuie,
Il va partir le cœur brisé de désespoir.
Le soleil s’est levé ; pour Conrad, c’est le soir.
La nuit vient sans retour en ses voiles funèbres.
De l’esprit le nuage a bien plus de ténèbres
Dans l’œil de la douleur, qui ne peut, n’ose voir ;
Des aveugles le pire, il s’enfonce et s’affaisse
Sans endurer un guide, en l’ombre dense, épaisse
De la nuit infernale au gouffre le plus noir.

XXIII


Formé pour la douceur, mais séduit par le vice,
Il fut trahi trop tôt par un long artifice,
Chaque bon sentiment, en son cœur, dur métal,
S’était pétrifié. Dans la grotte, en cristal
La goutte d’eau durcit, ou la goutte moins claire