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Lui présent, ma pensée est absente, infidèle.
Quand la réflexion viendra, qui doit venir,
Je crains que le dégoût ne soit dans l’avenir,
Esclave, en mon orgueil bien que je Sois blessée,
L’esclave est encor mieux que n’est la fiancée.
Puisse son fol délire et s’éteindre et cesser,
Chercher une autre femme et libre me laisser,
Je pouvais dire hier encore, libre en paix.
Oui, si j’éprouve ici ces sentiments (jamais
Ne l’oublie, ô captif), c’est pour briser ta chaîne
Et te rendre une vie en gage de la mienne
Que la main a sauvée, et te rendre au bonheur,
À l’amour dont jamais je n’aurai la douceur.
Adieu, je dois partir ; le jour commence à poindre,
Quoi qu’il m’en coûte ; ici, toi tu n’as rien à craindre. »

XV


Elle presse sa main et ses fers sur son cœur
Et s’éloigne en baissant la tête vers la terre,
Sans bruit, comme s’envole un rêve de bonheur.
Était-elle en ces lieux ? Reste-t-il solitaire ?
Quelle perle est tombée et sur sa chaîne a lui ?
Larme de la pitié que sa plus pure mine
Verse, cristal brillant et d’avance poli,
Doux baume de douleur, sous une main divine.