Page:Chefs-d’œuvre de Lord Byron, trad. A. Regnault, tome II, 1874.djvu/33

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Il a vu son navire, observe un vent propice,
Il rappelle sa force et prompt, haie le pas ;
Et quand tout à la fois de la voile qu’on hisse,
Du bruyant équipage il entend le fracas,
Les rames, les signaux et mille cris de joie ;
Lorsqu’il voit sur le mât le mousse suspendu,
Les ancres se lever, les voiles qu’on déploie,
Et les mouchoirs qu’agite au loin dans l’air tendu
Un bras ami tourné vers celui qui fend l’onde,
Muet adieu qu’emporte une nef vagabonde ;
Surtout son pavillon rouge comme le sang,
Conrad s’étonne alors d’avoir un cœur si tendre.
Le feu dans l’œil, la rage en son sein bondissant,
Sa sauvage vigueur semble en tout le reprendre.
Il court, vole, s’arrête où le rocher finit,
Où commence la grève, et là se ralentit
Moins pour y respirer des flots la fraîche brise
Que pour recomposer son air de dignité,
Et dérober son trouble à la foule surprise
D’un mouvement si brusque en sursaut agité.
Il a pour gouverner l’art qui cache et s’observe,
Sauvegarde des grands. Altier était son port ;
Son air digne et glacé dans sa froide réserve
Fuyant les yeux, mais vu, plus imposant encor ;
Son aspect grave et fier, son geste qui commande,
Poli, mais repoussant la familiarité,
Forçant l’assentiment à tout ce qu’il demande.