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PREFAlCE.

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genres. Il sentira que si , pour plaire à un Peintre , on met généra lement tous ceux qui ont barbouillé de la toile ; un Erudit sera aussi en droit de nous demander une place, pour tous ceux qui ont bar bouillé du papier. Les Dictionnaires abrégés , sont de petits Cabi nets placés à côté d’une vaste Bibliothéque , dans lesquels on a sé paré, pour les gens de goût, les médailles des personnages fameux de tous les siéclés, & les meilleurs Livres sur toutes les différentes parties des Arts & des Sciences. Les curieux qui veulent voir in differemment le bon & le mauvais, & le portrait du grand Arnauld, avec celui du Jardinier de Port-Royal , ont recours au grand Ma gasin. Quelques Particuliers, sans faire attention aux articles in téressans qu’on aura ajoûtez, se plaindront, peut-être, de ce qu’on en aura retranché un petit nombre qui n’intéressent qu’eux ; mais le public se plaindroit bien davantage, si notre Livre n’étoit qu’un Catalogue des Rois, & un Almanach litteraire. Tout Ecrivain doit s’attendre à quelques éloges & à une foule de critiques , c’est l’appanage ordinaire de quiconque prend la plume ; mais un Historien ne doit guéres se promettre que des réproches & des censures. L’Univers est partagé en différens Gouvernemens , & en différentes Religions. Chaque Gouvernement a ses intérêts , & chaque Religion ses partis. Il est fort difficile d’adopter les récits d’un parti, sans choquer l’autre. Il arrivera quelquefois, que dans le même article, on sera forcé de déplaire à tous les deux. Qu’il soit question , par exemple, du célebre Pascal , en avouant qu’il a eu raison de s’élever contre la Morale perverse de quelques Jésuites étrangers , on fera de la peine à la Societé , & du plaisir aux Jan senistes ; mais si l’on ajoûte , qu’il a eu tort de répresenter tous les Jésuites François , comme tout autant d’Escobars , on excitera les murmures des Jansenistes , & on sera applaudi par la Societé. L’il lustre de Thou, pour avoir osé être vrai , souleva les Catholiques emportés & les déclamateurs Protestans, ne fut point Premier Pré sident du Parlement de Paris , & se vit accablé de Libelles. Avec des talens bien inférieurs à ceux de ce grand homme, pourrions nous avoir un sort semblable ? Non , au milieu des Nations judi cieuses & éclairées qui composent l’Europe, un Historien véridique n’a rien à craindre , & quand il auroit à appréhender , la vérité est son seul devoir , & le plaisir de la dire sa seule ambition & sa seule récompense.

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Dans la juste méfiance où nous sommes de nos propres lumiéres, nous avons eu recours à celle des autres. Nos guides sont en trop grand nombre pour les citer tous. Les sources les plus précieuses nous ont été ouvertes, & nous y avons puisé abondamment. Nous voudrions qu’il nous fut permis, de nommer les Savans qui ont voulu nous donner des conseils & des éclaircissemens ; mais la plû Part ont joint au mérire d’être nos Bienfaicteurs , le mérite plus