Page:Chateaubriand - Vie de Rancé, 2è édition, 1844.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.
12
VIE DE RANCÉ

là qu’il connut madame de Montbazon. Ces sociétés étaient de diverses sortes ; la première et la plus illustre de toutes était celle de l’hôtel de Rambouillet. Arrêtons nous pour y jeter un regard. On comprendra mieux d’où Rancé était parti quand on saura de quelle extrémité de la terre il était revenu.

Madame de Rambouillet, fille du marquis de Pisani, et de madame Savelli, dame romaine, avait, ainsi que plusieurs familles de l’époque de nos Médicis, du sang italien dans les veines. Elle enseigna à Paris la disposition des grands hôtels, dont la Renaissance avait déjà indiqué les principes. Quand la reine mère bâtit le Luxembourg, elle envoya ses architectes étudier l’hôtel de Pisani, devenu l’hôtel de Rambouillet et situé dans l’espace qu’occupe aujourd’hui la rue de Chartres, ayant vue sur le petit palais de Philibert Delorme : la seconde galerie du Louvre n’a été bâtie que de notre temps. Cet hôtel était le rendez-vous de tout ce qu’il y avait de plus élégant à la cour et de plus connu parmi les gens de lettres. Là, sous la protection des femmes, commença le mélange de la société et se forma, par la fusion des rangs, cette égalité intellectuelle, ces mœurs inimitables de notre ancienne patrie. La politesse de l’esprit