de cette jeune fille descendre dans la fosse ; on avait déposé une couronne de roses blanches sur le cercueil, et la terre s’était refermée pour toujours sur la jeune fille et sur la jeune fleur. Cette image, empreinte dans ma mémoire, se reproduisit malgré moi dans un petit chant funèbre divisé en quatre lais.
Jusque-là, tout est bien ; mais, Monsieur, voici l’injure. Pourriez-vous croire qu’en imprimant ce poème, on m’a fait manquer à la mesure d’un vers alexandrin ? On m’a fait dire :
N’est-ce pas, Monsieur, attaquer l’honneur d’un poète dans sa partie la plus vive ! On a beau dorer la pilule, me flatter d’une agréable négligence, j’ai senti
Grâce à Dieu, je puis prouver mon innocence comme dans la conspiration adjointe à mes vers. Je n’accepte ni la faute, ni la correction ingénieuse de quelques amis prompts à cacher ma honte. Je n’ai point écrit avec une syllabe de moins :
Il est vrai qu’en maintenant cette leçon, je me déclare de l’école romantique, je romps le vers à la barbe de Boileau et place l’hémistiche à la troisième syllabe au lieu de la sixième ; je dis, comme l’aurait déclamé Talma :
Vieux chêne !… avec un repos ; puis, tout de suite et tout d’une haleine : le temps a fauché sur ta racine jeune fille et jeune fleur. Mon oreille demeurée classique, en contradiction avec mon esprit romantique, n’est point choquée de cette césure ; elle y trouve une sorte d’euphonie rapide et triste, imitative de l’action du temps, qui, d’un seul coup, abat la jeune fille et la fleur. Ne faudrait-il pas aussi, pour contenter Messieurs les classiques, qu’au régime pluriel roses sans taches, je donnasse un verbe gouvernant enlevé par l’ellipse ? Et nos licences, Monsieur, où en seraient-elles ? Les libertés du Parnasse seraient-elles mises aussi en état de siège contre le texte formel de